Ultra Zook a 13 ans. Non, ça porte malheur d’avoir 13 ans, y’a qu’à voir le nombre de gamin.e.s qui se font mal au(x) genou(x) à 13 ans, hallucinant. On va plutôt dire que Ultra Zook a 12 ans. C’est donc un groupe d’âge mûr – pour les chiens on compte fois sept, environ, ce qui ferait 84 ans, ça diffère un peu selon les races et la corpulence, mais c’est une moyenne, quoi. Pour un chat, c’est plus complexe, je viens de vérifier sur internet, je peux même dire que ça peut être très très compliqué de rapporter l’âge de son chat à un âge humain, je vous épargne la formule, disons que c’est pareil. - Si Ultra Zook était un chat ou un chien, il serait à la retraite depuis bien longtemps, une vingtaine d’année environ, et ne toucherait vraiment pas grand-chose comme pension, au vu du nombre de trimestres travaillés. Parce que oui, on dirait que c’est du boulot de faire des disques - le cinquième cette fois-ci – d’avoir fait 350 concerts (un an de concerts ma foi), de faire le niveau d’huile pour être apte à faire tourner l’économie et engraisser les pétroliers, de bichonner les instruments et tout et tout, mais en fait, il faut bien le dire, l’entreprise Ultra Zook est composée de belles feignasses. C’est un peu comme si on était à la retraite depuis le début, on joue au ping pong pendant les répètes, on joue au ping pong avant, après et parfois même pendant les concerts et une grande partie de notre intelligence et de notre énergie est dévouée à la régie sportive. Le département « raquettes » d’ultra Zook s’est formidablement développé ces derniers temps.

Cependant, il est probable que votre attention s’émousse et si vous êtes encore là à lire et essayer de comprendre à quoi ça sert de lire ça, il va falloir se rapprocher doucement du sujet.

Ce texte est sensé défendre âprement la qualité artistique et la pertinence de la sortie en support physique d’un nouvel album dont le nom est : Auvergnication. Clin d’œil à leurs confrères transatlantiquéens de Red Hot Chili Peppers, rencontrés brièvement en rêve il y a une dizaine d’années par l’un des membres d’Ultra Zook, celui qui tente depuis quelques temps de se démarquer et de faire croire qu’il a de la personnalité en laissant pousser ses cheveux sur sa nuque en visant le mulet. Il y a une chanson sur cet album qui s’appelle justement Rêve avec les Red Hots, que Mattt Konture – qui a dessiné la pochette, merci un million de fois - a transcrit dans un anglais parfait au recto par Red Hot Dream. Les bilingues sauront s’y retrouver.

Comme sur quelques autres morceaux de ce disque, Ultra Zook a donné une belle place au texte, dans la langue de Voltaire et avec une virevoltance rare. C’est le cas dans Oui Ben Oui Mais Non, qui raconte l’histoire d’un homme - celui du groupe qui a le plus haut classement à la Fédération Française de Tennis et « enchaîne les rythmiques avec une aisance déconcertante » , qui, ne sachant plus quelle sortie il devait prendre sur l’A75 pour se rendre chez un ami, va bien plus loin qu’il ne faut. C’est le cas aussi dans J’ai l’impression qu’c’est plus ça, qui raconte l’histoire d’un quiproquo amoureux, l’Aspi, qui suit les pensées d’une personne qui passe l’aspirateur chez lui, Cet Enfant-là, qui parle de rupture amoureuse et du fait qu’un enfant ne naîtra jamais de cette union. J’en passe et des plutôt pas mal, dont l'excellent (il faut mettre des adjectifs accrocheurs partout il parait) Complètement Plètement, dont le texte (une poésie mes cher.e.s) a été écrit par le frère du dernier membre du groupe qui n'ait pas été cité ici, à savoir celui dont l'élégance fait se tourner les têtes dans n'importe quel contexte et qui tricote aussi bien sur scène que dans la vie, Jérémie Bardiaux.

Il y a 9 morceaux au total sur cet album et un seul musicien invité, mais pas des moindres, puisqu’il s’agit du fabuleux François Arbon qui nous a gratifié de quelques salves de saxophone basse et de trombone bien placées. On trouve aussi un morceau instrumental, Apocalyptic Trobador – impossible de savoir comment on a décidé de l’orthographier au final, c’est la rançon de l’originalité – qui a tenté de rivaliser avec l’indétrônable Aluminium C4 (EPUZZ), sans succès. Mais il est cool quand même. Achetez le disque.

Oui, il faut l’acheter ce disque, car plusieurs labels se sont réunis pour que la possibilité de produire encore plus de potentiels déchets plastiques existe, pour la plus grande joie des collectionneurs (Yeah Bro!) et des mélomanes. Parmi eux, on compte Dur et Doux, Coolax, Araki Records, L’Etourneur, Not a Pub et Gnougn. Et même Ignominie pour la version K7, et ouai !
Et avec cette belle pochette, mise en couleur par Florian Louviot, et tous les textes dedans, ça fait quand même des beaux objets, et en plus on peut les écouter, quand on a du matériel ringard mais qui reste classe pour quelques personnes encore. Perso, j’ai mis une platine vinyle dans la voiture et ça sonne de ouf ! Sauf quand il y a des dos d’âne et que j’avais pas vu le panneau 30.

Bref, ça fait quelques temps qu’on joue ces morceaux en concert et nos copains nous ont dit que c’était super, alors vous pouvez y aller, c’est de la bombe.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Texte, musique et interprétation par Ultra Zook : Benjamin Bardiaux, Rémi Faraut, Emmanuel Siachoua.

Jérémy Bardiaux a écrit le texte de Complétement plètement
François Arbon joue du sax basse sur J'ai l'impression qu'c'est plus ça et du trombone sur Georges Gallamus
Flo Borojevic joue des percussions sur L’Aspi
Johnny Halliday dit « Merci beaucoup » sur Rêve avec les Red Hots
Blanche et Ilya Faraut crient « Ouai » sur Salut !

Enregistrement, mixage par Emmanuel Siachoua et Ultra Zook en 2021
mastering par Théophane Bertuit à Polyphone Records en janvier 2022

Edité en 2023 en vinyle et CD par Gnougn Records, Dur et Doux, Coolax, Araki Records, L'étouneur et Not a Pub / en K7 par Ignominie et Gnougn Records.

Dessins : Matt Konture
Mise en couleur des dessins : Florian Louviot
mise en page : Judith Sau